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«  La société ne peut subsister que si elle se subordonne l’individu, elle ne peut progresser que si elle le laisse faire : exigences opposées, qu’il faudrait réconcilier. » Bergson, « La conscience et la vie », conférence de 1911, publiée dans L’énergie spirituelle, 1919.

 

Bergson résume ici l’aporie du pouvoir politique. L’autorité de l’État est nécessaire à la société (et plus celle-ci se complexifie, plus ce pouvoir grandit), mais s’appesantit-elle, que voilà la liberté corsetée et la société asphyxiée. A l’inverse, l’affaiblissement du pouvoir libère des ferments de chaos, d’où triomphent le droit du plus fort et les mafias. Valéry condense cette alternative dramatique en une formule frappante : « Si l’État est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons. » (Regards sur le monde actuel, 1945). On ne peut sortir de cet étau que par L’État de droit. On appelle ainsi l’État dont l’action s’exerce par la loi et qui s’auto-limite par la loi. Le légalisme comme mode d’organisation ne sera légitime que s’il concilie liberté, égalité, sécurité. Le cours de philosophie de Terminale enquête sur la façon dont ces valeurs sont promues, caricaturées ou bafouées dans les sphères économiques (le travail, les échanges…) et politiques (le totalitarisme, la démocratie…) D’autant que liberté, égalité, sécurité peuvent se contredire. Elles ne se concilient que dans une exigence de justice, qui est en permanence à reprendre et affiner. Ici Platon dit l’essentiel, dans le premier grand texte de la philosophie politique, quand il conçoit l’utopie de la « Callipolis » – la « belle cité » -, qu’il oppose aux sociétés corrompues de son temps :

« Le principe que nous avons posé au début, lorsque nous fondions la cité, comme devant toujours être observé…ce principe est la justice. » Platon, La République. Si on le nie, on est contraint de revenir au droit du plus fort, dont l’Etat n’est plus que l’instrument cynique.