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« Le dieu MOI. – Le moi est une superstition qui s’étend au chapeau, à la canne, à la femme de quelqu’un, et leur communique un caractère sacré, marqué par le possessif. »
Paul Valéry, Mauvaises Pensées et autres.
Avec son ironie coutumière, Valéry suggère que le MOI ne se saisit que par le « possessif » qui s’entrelace à lui : avoir un corps, une identité sociale, une femme, un patrimoine… et un chapeau ! En-deçà de ce réseau confus, le point aveugle de la subjectivité a été scruté par les doctrines religieuses, philosophiques et savantes, depuis des millénaires. Mais le « sujet » est-il UNE réalité UNE, substantielle et permanente – l’âme si l’on veut – ou une construction aléatoire et composite ? Cette identité construite cacherait alors un vide central : pas d’ETRE sous l’accumulation de l’AVOIR !? On comprend mieux pourquoi le « moi » est un « dieu » : il est si inconsistant et creux qu’il lui faut l’étayage d’une valorisation factice (comme tous les dieux ?) On multiplie les attributs pour surcompenser le déficit d’être. Cette thèse est contre-intuitive parce qu’on a chacun l’intime conviction d’un « moi » autocentré et bien établi… Le cours de Terminale enquête sur cette énigme de l’identité, pour souligner le caractère ontologique, finalement, du rapport au TEMPS :
« Je suis mon temps. Mon temps c’est ma vie. » Gusdorf, Mythe et métaphysique.